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Prospective
10 mars 2015

Entretien avec Ludovic Chazaly, Responsable des contenus et des communautés pour TelecomTV

Ce mois-ci, Les Navigauteurs invitent dans leurs colonnes Ludovic Chazaly, Responsable des contenus et des communautés pour un acteur britannique du B2B. Au programme : le contenu chez les pros, les réseaux sociaux et quelques réflexions bien senties sur l’avenir des métiers de l’éditorial.

 

Ludovic ChazalyQuels sont les sites sur lesquels vous vous plaisez à naviguer (et pourquoi donc ?)

Je n’ai pas de site “culte” mais j’aime utiliser internet pour communiquer, échanger, me ressourcer et m’informer. Donc concrètement, pour les sites d’infos je visite souvent les sites classiques du Monde, Libération, Figaro mais aussi The Guardian et The Times afin de pouvoir comparer les approches éditoriales et les avis sur les sujets d’actualités. Sinon, j’aime débattre sur Facebook qui, contrairement à ce que l’on peut penser, peut être source d’avis intéressants (tout dépend de ses amis j’imagine :), j’aime aussi jeter un oeil sur Tumblr pour capter les tendances du moment. Enfin, j’écoute et découvre de la musique sur Soundcloud ou Grooveshark qui sont des plateformes bien faites, l’une underground, l’autre plus mainstream…

 

La plate-forme Telecomtv.com, dédiée aux professionnels des TIC, associe vidéo et texte. Quels sont les atouts de ce format vis à vis de ce public exigeant ?

TelecomTV est plus ciblé que cela, le site se concentre en grande partie sur les nerfs des secteurs de la Télécommunication et de l’Informatique à un niveau décisionnel. Quant au format, l’idée est qu’il en faut pour tous les goûts ! Le format texte a encore beaucoup de succès auprès d’une cible “senior” (+45 ans) et des cadres supérieurs qui aiment approfondir, recueillir des avis d’experts (nos trois journalistes ont tous plus de 50 ans). Les articles sont engagés dans le sens où leurs auteurs ne mâchent pas leurs mots et n’hésitent pas à critiquer par exemple les déclarations un peu trop marketing de groupes internationaux ou les décisions parfois hasardeuses des organismes de régulation. Chaque article est signé et ne ressemble à aucun autre article en ligne. Quant au format vidéo, il vise une cible experte, de haut niveau qui peut, grâce aux nombreuses interviews de professionnels, se positionner sur les évolutions du secteur. TelecomTV.com peut se targuer d’avoir une bonne moyenne de temps de vue dans le secteur (3-4 minutes par vidéo), il correspond à une demande claire de l’audience, accéder rapidement aux informations clés. Le site propose aussi des reportages afin de toucher un public plus large, mais il faut avouer que cela n’apporte pas de réponses concrètes aux professionnels.

Sur Telecomtv.com vous proposez le partage de vos contenus via Twitter, Facebook, LinkedIn et Google +. Mieux vaut s’assurer la présence sociale la plus large possible ou se concentrer sur quelques réseaux très ciblés ?

J’irai plus loin dans la logique : être présent sur ces sites est une chose, appartenir à des groupes, des “sous-réseaux” dans le réseau permet de toucher régulièrement des communautés sur des thèmes pointus. Savoir donc rallier un public large mais connaisseur et des experts sur des thèmes variés est donc notre/mon objectif quotidien.

Les professionnels utilisent principalement LinkedIn pour ses fonctions de « mise en relation », mais qu’en est-il de la consultation de contenus sur cette plate-forme ?

Je pense que LinkedIn est un bel outil qui permet aux experts d’échanger autour de sujets très pointus. Les groupes d’intérêts représentent une source intarissable de nouveaux visiteurs pour nous. Un titre d’article ou de vidéo crée en soi un intérêt, pose une question que les utilisateurs peuvent creuser en allant visiter notre site et en mettant en avant leur expertise par le biais de commentaires, c’est du donnant-donnant et c’est pertinent.

Quelles sont les spécificités d’usages en termes de consommation du contenu de l’autre côté de la Manche, si elles existent ?

Dans mon domaine, je ne pense pas qu’il y ait de grandes différences d’usage entre les professionnels britanniques ou français : la compétition est rude mais elle est globale et les logiques de consommation de contenus ainsi que les échanges suivent les mêmes tendances – de plus en plus de vues à partir des téléphones portables, un temps de réaction rapide mais aussi une difficulté à garder les utilisateurs sur le site (culture du zapping) – surtout dans notre domaine qui demande une certaine concentration intellectuelle.

La dernière innovation digitale qui vous ait interpellé(e) ?

Concernant les TIC, la virtualisation des fonctions réseau remplaçant certaines infrastructures lourdes est en passe de faire évoluer tout le monde des télécoms car les mastodontes (France Telecom, British Telecom, etc.) n’auront plus le monopole de l’outil. En mode geek, le casque virtuel Facebook semble être sympathique : on pourra par exemple partir en vacances avec des amis à l’autre bout du monde sans bouger d’un iota ! 100 % Total Recall !

2025, Odyssée des contenus ! A quoi ressembleront les contenus pro, sur le web et ailleurs, dans 10 ans ?

Il y aura de plus en plus de fil RSS intelligents qui produiront des informations ciblées grâce au Big Data (centres de données “monstres” capables d’analyser des milliards de données à la seconde). Mais je pense que rien ne remplacera le journalisme “humain” qui apporte un avis, un angle qu’il sera difficile pour les machines de reproduire (cette fibre “artistique”). La manière dont nous consommerons les contenus va aussi beaucoup changer ! Je ne pense pas être dans la science-fiction lorsque j’imagine des montres projetant des vidéos en 3D, des textes projetés sur tout matériau, etc.

Votre job « next generation » : ce qui va révolutionner votre métier dans les prochaines années ?

La prédiction est la technologie en verve en ce moment ! Cela ne concernera pas uniquement les contenus pro mais tout ce qui est consommable : les big data ont déjà commencé à anticiper ce que chacun de nous pourrait consommer aujourd’hui, demain, dans un mois. Dans dix ans, chaque individu aura des milliers d’infos, de produits, de services disponibles à la seconde au cas où l’on en aurait besoin. Mon métier sera probablement de gérer cette anticipation et ses erreurs possibles et de savoir “enrober” cette anticipation pour la rendre agréable et avenante… Humaine !

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